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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/225

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pour tout ce qui ressemble au faste, sa susceptibilité soupçonneuse et ses idées avancées sur certaines matières. Cet étalage d’escorte, de chevaux barbes, etc., déplairait certainement à Olivier, et le pousserait peut-être à rompre brusquement en visière à son père : chose qu’à tout prix il fallait éviter, à cause des conséquences fâcheuses qui en découleraient.

M. Maraval raconta tout à sa femme ; il lui confia ses craintes, et lui demanda conseil : ce qu’il faisait toujours dans les circonstances graves, parce que chaque fois il s’en était bien trouvé.

Il est certain que les femmes sont douées d’une prescience rare pour juger les situations et y apporter remède ; après un entretien assez long, le banquier ordonna que le courrier ne repartit pas sans l’avoir vu.

Au bout de quelques minutes cet homme fut annoncé.

— Mon ami, lui dit le banquier, votre maître vous a mis, n’est-ce pas, à mon entière disposition ?

— J’ai ordre de vous obéir comme à Son Excellence même, señor.

— Très-bien. J’ai réfléchi ; voici ce que vous allez faire.

— J’écoute, señor.

— Vous rejoindrez vos compagnons au plus vite ; cela fait, vous leur ordonnerez de retourner à Madrid, par le plus court chemin.

— Mais les deux chevaux barbes, Seigneurie ?

— En emmenant les deux chevaux barbes, ajouta le banquier.

— Que dira monseigneur ? s’écria le courrier, au comble de l’étonnement.