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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/227

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Le banquier s’applaudit intérieurement des mesures qu’il avait prises.

Il apprit à son ami l’arrivée du courrier, et lui annonça que cet homme était porteur d’une lettre pour lui.

— Où est cet homme ? demanda Olivier.

En votre absence, je l’ai autorisé à faire un tour par la ville ; il ne tardera pas à rentrer.

— Tant mieux ! dit Olivier avec mauvaise humeur j’ai hâte d’en finir, cette longue attente me fatigue.

— Bon ! le plus fort est fait ! nous partirons quand il vous plaira, cher ami, dit le banquier.

— Je vous remercie de ne pas m’abandonner, je ne sais si j’aurais eu le courage de faire seul cette démarche.

— Vous vous créez des monstres à plaisir, mon ami ; votre père a un vif désir de vous voir et de vous embrasser.

— Ce désir lui est venu tard, fit-il amèrement ; au diable toutes ces démonstrations menteuses ! Il m’avait publié pendant trente-deux ans, ne pouvait-il continuer pendant trente autres encore ? Certes, je n’aurais pas réclamé contre cet oubli, j’étais heureux là-bas !

— Mon ami, souvenez-vous de ce que vous m’avez promis, et ce que vous vous êtes promis à vous-même !

— Eh ! je ne m’en souviens que trop, mon ami sans cela, il y a longtemps que je vous aurais planté là et que je serais retourné tout courant dans mes forêts, où j’étais si heureux ! J’ai eu tort de venir ici, je le reconnais trop tard.

— Olivier ! murmura-t-il avec reproche.