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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/237

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Après avoir ouvert cette porte, nous serons enfin dans une chambre éclairée par trois hautes fenêtres, avec un plafond à coffre et poutres saillantes curieusement sculptées, et peintes trois siècles auparavant par un artiste de la Renaissance ; les fenêtres, de forme ogivale, sont garnies de vitres enchâssées dans du plomb, peintes de différentes couleurs et couvertes de lourds rideaux de velours vert, avec crépines et bordures d’or ; d’immenses bibliothèques, montant jusqu’au plafond, tiennent toute une face de cette vaste pièce et l’espace laissé libre entre les fenêtres.

Une cheminée monumentale occupe tout un côté de cette chambre. Cette cheminée, en marbre de Paros et admirablement sculptée, est surmontée d’un large écusson couvert d’armoiries ; ces armoiries sont celles de cette noble maison, une des plus illustres de la péninsule ibérique, portant au griffon de sable, à la queue fourchée, lampassé et couronné de gueules, avec cette fière devise : Cuidado alli viene !

Ces armoiries sont répétées au-dessus des fenêtres et des portes ; les murs sont tendus en cuir de Cordoue, gaufré et doré.

Un magnifique portrait en pied est placé en face de la cheminée.

Ce portrait, un peu plus grand que nature, représente, peint dans la manière un peu sèche de Cimabue, et avec ses lignes noires, et portant la date de 1265, un guerrier armé de toutes pièces, comme l’étaient les chevaliers contemporains du Cid Campeador, tout couvert de mailles, brandissant une hache pesante à double tranchant, escaladant une muraille défendue avec acharnement