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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/239

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Un énorme brasero en argent, dans lequel sa consument des noyaux d’olives d’Andalousie, en produisant des cendres d’un blanc mat, entretient une chaleur douce dans cette immense pièce.

Nous sommes dans le cabinet de travail du maitre de cette splendide demeure.

Au moment où nous avons pénétré dans ce cabinet, il n’était pas solitaire.

Sur le fauteuil placé derrière la table était assis un homme, un vieillard, la tête dans la main, le coude appuyé sur la table, et semblant plongé dans de profondes et tristes réflexions.

Cet homme était don Garcia-Horacio Pacheco-Tellez, caballero cubierto, grand d’Espagne de première classe, rico-hombre de Lugo, Vigo et Orense, en Galice, seigneur de Santiago de Compostelle et du Ferrol, marquis de Soria, comte de Luna, duc de Salaberry y Pasta, duc de Bivar, et prince des Alpuxarras, un des cousins du roi, ancien vice-roi du Mexique, ancien ambassadeur en France et en Angleterre, ministre des affaires étrangères, chevalier de la Toison-d’Or, grand officier de la Légion-d’Honneur, chevalier de la Jarretière, etc., etc., plus noble que le roi, et, sans contredit, le plus riche propriétaire de toutes les Espagnes.

Don Horacio Pacheco avait un peu plus de soixante ans ; il était de taille moyenne ; il avait le port noble, le geste empreint d’une grâce suprême, la démarche fière sans hauteur, la physionomie belle, éclairée par un regard clair, droit et un peu chercheur ; la parole vive, spirituelle, la voix douce, harmonieuse et insinuante ses cheveux étaient blancs, ils tombaient en boucles de neige sur ses épaules. Il avait été d’une beauté