Aller au contenu

Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retomber sur son fauteuil ; peu à peu, son visage redevint sombre ; il s’absorba de nouveau dans ses pensées, en murmurant d’une voix presque indistincte :

— Encore quinze jours, à attendre ; un siècle !

Un profond soupir gonfla sa poitrine.

Deux heures s’écoulèrent ainsi.

À onze heures, un valet servit sur un guéridon une jicara de chocolate, une carafe d’eau, un verre et des azucarillos dans une soucoupe.

Le duc but le chocolat, un demi-verre d’eau, ne toucha pas aux azucarillos et ordonna d’enlever le tout ; puis, après avoir fait quelques tours de promenade dans le cabinet, il se rassit en disant entre ses dents :

— Il faut pourtant travailler.

Mais il n’en fit rien ; sa tête retomba sur sa poitrine, et de nouveau il se plongea dans ses réflexions ; sa préoccupation était trop grande pour qu’il lui fût possible de se livrer à un travail quelconque.

Soudain, il se redressa : il écrivit quelques mots sur une feuille de papier, qu’il plia et cacheta, puis il frappa, sur un gong.

— Mieux vaut que je n’aille pas au conseil aujourd’hui, murmura-t-il qu’y ferais-je ?

Un valet parut.

— Cette lettre tout de suite au président du Conseil privé ; je n’y suis pour personne ; allez.

Le valet prit la lettre, salua et sortit.

— Mais pourquoi ce retard incompréhensible ? murmura le duc dès qu’il fut seul ; serait-il véritablement malade ? ou est-ce une fin de non-rece-