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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/253

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— Soit ; parlez, marquis je vous écoute.

Olivier sourit avec amertume en entendant son père lui donner ce titre.

— Je ne veux ni récriminer, ni vous adresser le plus léger reproche, mon père, dit-il d’une voix émue ; mais il importe que vous me connaissiez bien, avant d’aller plus loin, afin de ne pas me rendre trop lourd le fardeau que vous me posez sur les épaules.

Le duc fit un geste.

— Je sais, continua le jeune homme avec une certaine amertume, que ce que moi je nomme fardeau semblerait à tout autre le comble du bonheur. Mais, permettez-moi de vous le demander, mon père : avant de me créer marquis de Soria, de me faire donner une charge à la cour, ne vous êtes-vous pas laissé emporter par votre amour paternel, et n’avez-vous pas un peu légèrement établi vos plans d’avenir ?

— Vous n’êtes pas le premier venu, mon fils vous êtes fait, au contraire, pour honorer et remplir dignement le rang, quel qu’il soit, où je vous ferai monter.

— Oui, peut-être à la surface, mon père, je puis, je le crois, jouer tout aussi bien qu’un autre un rôle quelconque sans craindre d’être outrageusement sifflé par la galerie ; je suis intelligent ; l’habitude du commandement m’a donné tout l’aplomb et toute l’audace nécessaires pour me présenter et ne pas être ridicule dans le monde où vous voulez m’introduire : mais il est une chose à laquelle vous n’avez pas songé, mon père.

— Laquelle ? interrompit le duc avec inquiétude.