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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/291

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toutes les forces envoyées contre lui par le roi Ferdinand et la reine Isabelle ; refusant toutes les capitulations qu’on lui proposait ; et, enfin, n’ayant plus de vivres et tous ses serviteurs ayant été tués à ses côtés, il avait résolu de donner la mort à toutes ses femmes, au nombre de douze, toutes belles comme des houris ; il avait exécuté cette résolution héroïque, et s’était tué ensuite ; de sorte que les chrétiens, quand ils eurent enfin brisé les portes, ne trouvèrent plus dans le château que des cadavres.

Cette légende, que nous résumons ici en quelques mots, avait été contée bien plus longuement et avec une foule de détails intéressants par le domestique ; mais ce fut peine perdue, Olivier n’en entendit pas un mot, il rêvait.

La vue de la mer lui avait rappelé un monde de souvenirs.

Une heure plus tard, le frère et la sœur se trouvaient réunis de nouveau.

— Mon frère, dit la marquise, il est onze heures du matin, vous sentez-vous appétit ?

— Bon ! pourquoi me demandez-vous cela, ma sœur ?

— Tout simplement parce que si vous avez appétit, il vous faut attendre au moins une heure pour vous satisfaire.

— Qu’à cela ne tienne, ma sœur, répondit-il en riant j’attendrai tout le temps qu’il vous plaira.

— Bien. Donnez-moi le bras, nous allons faire une promenade sur le bord de la mer. Je hais tout ce brouhaha qui suit une arrivée de voyage ; je ne me plais dans ma maison que lorsque tout y est en ordre.