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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/301

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étonnements au fond de son cœur, et cela avec tant de succès que rien n’en apparaissait à l’extérieur, et qu’il fallait toute la perspicacité et la connaissance profonde qu’Olivier possédait du caractère de son ami, pour s’apercevoir de la perturbation complète de ses idées ; mais il était le seul à le remarquer.

Ivon Lebris, aux yeux de tous, conservait le plus beau sang-froid et l’indifférence la plus admirable, ce qui lui faisait grand honneur aux yeux des étrangers, et surtout des valets, toujours disposés en secret à se moquer de ceux qu’ils servent et à les railler sans pitié, plaisir qui, cette fois, leur fut refusé, grâce à l’impassibilité de Peau-Rouge conservée en toutes circonstances par le marin breton.

Enfin, après avoir, en compagnie de son matelot, visité en détail Madrid et ses environs, assisté dans sa loge aux représentations de tous les théâtres de la capitale, et aussi à deux magnifiques courses de taureaux, Ivon Lebris prit congé du duc de Salaberry, de la marquise de Palmarès, et, après avoir chaudement embrassé Olivier, en lui promettant de revenir, au moins une fois tous les ans, passer quelques jours avec lui à Madrid, il retourna à Cadix, où son navire l’attendait, confié aux soins de son second, maître Lebègue.

Aucun changement n’avait eu lieu en apparence dans l’intérieur du marquis de Palmarès et de sa femme ; seulement, Olivier, sans en rien témoigner, s’apercevait chaque jour que la situation des deux époux s’aggravait de plus en plus ; que leurs relations vis-à-vis l’un de l’autre s’envenimaient dans des conditions qui ne tarderaient pas à devenir intolérables.