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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/303

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Ce manège durait depuis un grand mois.

Olivier soupçonnait la marquise de se livrer à quelques recherches ou à quelques espionnages clandestins, pour le compte de son incurable jalousie ; mais il n’osait l’interroger, redoutant, en intervenant ainsi, sans y être autorisé, dans des questions essentiellement intimes, et mettant, comme on le dit vulgairement, le doigt entre l’arbre et l’écorce, de faire naître des complications fâcheuses, qu’il tenait surtout à éviter, d’abord à cause de sa profonde amitié pour sa sœur, et ensuite parce qu’il savait à quel degré de violence étaient arrivées les querelles entre les deux époux.

Cependant la marquise, que d’ordinaire Olivier voyait assez triste et mélancolique, était, depuis sa dernière excursion à Madrid, devenue presque subitement d’une humeur charmante ; toute préoccupation semblait l’avoir abandonnée ; elle souriait, causait et taquinait son frère sur sa sauvagerie, ce qu’elle ne faisait que lorsqu’elle était prise de ses rares regains de jeunesse, qui, depuis quelque temps, étaient devenus chez elle de plus en plus rares.

Quoiqu’il n’en laissât rien paraître, ce changement subit inquiétait beaucoup Olivier ; il était évident que sa sœur méditait un projet, dont le succès lui semblait assuré ; mais quel était ce projet, voilà ce qu’il essayait vainement de découvrir.

La bombe éclata plus tôt qu’il ne l’avait prévu, et avec une violence terrifiante.

Un matin, vers dix heures, un grand bruit d’équipages se fit entendre dans la longue avenue conduisant au château.