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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/309

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Entre le frère et la sœur, il y eut un long silence.

— Pourquoi ne me parlez-vous pas, Olivier ? demanda enfin la marquise, à qui, sans doute, ce silence pesait.

— Parce que, chère sœur, répondit-il, ce que je vous dirais, vous me refuseriez probablement de l’entendre.

— Peut-être ! fit-elle en souriant ; vous me reprocheriez, comme toujours, ma jalousie sans motifs, n’est-ce pas ?

— C’est ce que je ferais, en effet, ma sœur. Vous vous rendez malheureuse à plaisir.

— Vous vous trompez, mon frère, s’écria-t-elle les dents serrées ; cette fois, j’ai une certitude ! Mon malheur est bien complet, allez ! il ne me reste plus rien à apprendre !

— Santa, prenez garde ! ces paroles sont bien graves ?

— Je vous répète que j’ai une certitude, ou, si vous le préférez, une preuve, cette preuve vainement cherchée pendant si longtemps.

— Oh ! cela n’est pas, cela ne saurait être !

— Cela est, mon frère ; écoutez-moi. Vous avez été étonné dernièrement de mes fréquents voyages à Madrid ; vous n’avez pas été dupe des prétextes que je vous donnais en riant ; savez-vous pourquoi j’allais si souvent à Madrid ? Je vais vous le dire je faisais secrètement fabriquer des clefs par des ouvriers habiles.

— Fabriquer des clefs ! s’écria-t-il avec surprise, presque avec épouvante ; je ne vous comprends pas, je crains de vous comprendre, ma sœur.

— Oui, reprit-elle avec mélancolie ; vous savez