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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/33

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Tout en se promenant un peu au hasard à travers la ville, les deux amis arrivèrent, sans y penser, à l’un de ses plus beaux monuments, l’église Saint-Martin, qui la domine et s’annonce de loin par son clocher élevé.

L’église Saint-Martin est tout simplement une tour carrée, flanquée de quatre délicates tourelles à cul-de-lampe ; on la prendrait pour un donjon féodal.

Cette église, fondée en 1498, fut dédiée à saint Martin de Tours elle porte la croix de Savoie sur sa façade ; de la terrasse où s’élève ce temple, on jouit d’une vue très-étendue et surtout admirablement accidentée.

Après avoir pendant assez longtemps contemplé le magique panorama qui se déroulait sous leurs yeux, les deux touristes pénétrèrent dans l’église.

Ils voulaient visiter les sépultures des deux régicides anglais inhumés dans ce temple.

La première est celle du général Edmund Ludlow, qui fut un des juges de Charles Ier, et la seconde celle de l’amiral Andrew Broughton, qui, en sa qualité de lieutenant civil, lut à ce monarque déchu sa sentence de mort.

Les épitaphes de ces deux hommes célèbres sont significatives : « Sedes æternas lœtus advolavit ! — Il s’est envolé, joyeux, vers les demeures éternelles ! — » dit celle de Ludlow, gravée dans la muraille ; « In Domino obdormivit ! – Il s’est endormi dans le Seigneur ! — » dit celle de Broughton, gravée sur les dalles du sol.

La ville de Vevey osa seule donner un asile aux proscrits, qu’elle ne cessa de protéger tant qu’ils vécurent.