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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/345

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CHAPITRE XVI

QUELLE FUT LA MORT DU DUC DE SALABERRY-PASTA.


Le lendemain, dès le lever du soleil, une rumeur étrange commença à circuler dans les nombreux groupes d’oisifs rassemblés à la Puerta del Sol ; cette rumeur, d’abord faible, hésitante, incertaine, grossit peu à peu, s’étendit de proche en proche ; en moins d’une heure, elle prit un essor effrayant, et se répandit dans tous les quartiers de Madrid avec la rapidité d’un courant électrique.

On disait — qui ? nul ne le savait, mais cela importait peu — on disait que, vers cinq heures du matin, le geôlier de la prison étant entré dans la cellule du marquis de Palmarès Frias y Soto, afin de le prévenir, comme c’est la coutume, de se tenir prêt à comparaître devant la haute cour de justice, réunie pour le juger, ce geôlier s’était approché du lit sur lequel le prisonnier était couché et semblait dormir. Après l’avoir plusieurs fois appelé à haute voix, voyant que le prisonnier ne répondait pas, il s’était penché sur lui et l’avait fortement secoué par le bras ; alors il avait reconnu que le marquis était mort…

Le corps était glacé ; cette mort devait remonter