Aller au contenu

Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

monté dans la seconde voiture, qui, la portière à peine refermée, était partie à fond de train. Les deux autres inconnus étaient alors remontés dans leur carrosse et s’étaient fait conduire à la calle de Toledo, où ils avaient mis pied à terre, et s’étaient séparés en tirant chacun d’un côté différent.

La conclusion de cette mystérieuse aventure était naturellement que le marquis de Palmarès Frias y Soto non-seulement n’était pas mort, mais, au contraire, que le gouvernement lui-même l’avait aidé à fuir, ne voulant pas qu’un grand d’Espagne, portant un des plus vieux noms de la monarchie espagnole, fût mis en jugement pour crime d’assassinat et exécuté par le garrote vil comme un obscur malfaiteur.

Les mieux informés ajoutaient que le cadavre d’un aguador – porteur d’eau —, mort à l’hôpital et ayant une certaine ressemblance physique avec le marquis, avait été mis à sa place dans la cellule de la prison, restée vide après l’évasion du coupable.

Cette dernière version fit fureur ; tout le monde s’y rallia. Bientôt toute la population de Madrid fut convaincue que le marquis de Palmarès était en fuite ; et cela d’autant plus que, les commérages marchant toujours, à chaque instant de nouveaux détails étaient donnés sur la fuite de ce grand coupable : détails apocryphes, mais acceptés par chacun comme actes de foi : on avait reconnu le marquis ici ; il était descendu là ; il avait parlé à telle ou telle personne, on citait des noms ; et d’autres renseignements encore, tout aussi faux que les premiers. Mais, comme il était impossible de con-