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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/377

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— Bon ! Qui sait, mon cousin ? peut-être n’est-ce qu’un caprice de femme ennuyée !

— Hum ! vous me permettrez d’en douter, ma cousine ; mais votre mari, ce cher duc, que pense-t-il, lui, de votre fuite ?

— Je l’ignore, mon cousin, car il y a plus d’un mois que je ne l’ai vu ; le ministre des affaires étrangères l’a chargé d’une mission auprès de notre ambassadeur à Paris.

— Ah ! fit Olivier avec une intonation singulière, il est en France ? Y restera-t-il longtemps ?

— Je l’ignore, mon cousin ; cela dépendra, je crois, de certaines circonstances.

— Ah ! fit-il encore, et vous êtes venue ainsi…

— Accomplir un vœu fait à Santiago de Compostela, mon cousin, interrompit-elle vivement.

— Lequel des deux, ma cousine, reprit-il avec une légère pointe d’ironie : le Majeur ou le Mineur ? Si le vœu avait été fait par votre mari, je ne serais pas embarrassé : je le crois dévot à Santiago le Mineur.

La duchesse rougit légèrement.

— Et sur quoi repose cette croyance, je vous prie ? dit-elle avec une certaine hésitation.

— Mon Dieu, ma cousine, je ne sais trop comment vous expliquer cela, c’est fort difficile.

— Ah ! fit-elle.

— Oui, ma cousine, ce cher duc est un grand esprit, une vaste intelligence, un diplomate profond pour lequel les questions les plus ardues de la politique ne sont que jeux d’enfants. Vous le savez, en politique les voies détournées, les menées souterraines sont surtout employées ; de sorte…