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Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/46

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Les caméristes sortirent.

Il y eut un court silence ; la malade examinait Olivier avec une attention singulière.

— Approchez, dit-elle enfin d’une voix rauque et tremblante, sans le quitter du regard.

Le jeune homme se découvrit, laissa tomber les plis de son manteau, et fit quelques pas en avant.

— Plus près ! plus près encore ! reprit-elle.

Olivier obéit ; il s’avança jusqu’à deux pas du lit.

— Comme il lui ressemble murmura-t-elle.

Et elle ajouta :

— Me reconnaissez-vous ? Vous êtes venu à mon appel, merci.

Elle sembla attendre une réponse ; Olivier demeura froid et silencieux,

— Vous ne me reconnaissez pas ? murmura-t-elle doucement.

— Non madame, répondit enfin le jeune homme avec un accent glacé.

— C’est vrai, je suis bien changée, fit-elle avec amertume ; je suis doña Mercedès de Tormenar, duchesse de Rosvego.

— Je n’ai pas l’honneur de connaitre madame la duchesse de Rosvego.

— Pauvre enfant ! murmura-t-elle, et elle ajouta d’une voix douce comme une caresse : Carlos, je suis ta mère !

Olivier secoua tristement la tête.

— Hélas ! madame, dit-il, je n’ai jamais eu de mère.

— Olivier ! s’écria-t-elle avec désespoir ; quel blasphème as-tu proféré ? Tu ne m’as pas comprise ! Je suis ta mère, te dis-je ! On ne ment pas à sa dernière heure ! Regarde-moi, je vais mou-