Aller au contenu

Page:Aimard - Par mer et par terre : le batard.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’ayant plus assez de monde pour manœuvrer facilement d’aussi grandes masses à la voile.

Les Espagnols, convaincus que les indépendants ne possédaient que quelques mauvais navires, et que par conséquent, malgré tous les bruits que l’on faisait courir depuis quelque temps, ils ne se hasarderaient pas à les attaquer, ne se gardaient pas du tout du côté de la mer ; les états-majors de tous les bâtiments passaient la nuit à terre, ainsi que presque toutes leurs journées, tant étaient profondes leur sécurité et leur confiance dans leurs forces.

Muni de ces précieux renseignements, l’amiral n’hésita plus.

Par une nuit noire, des troupes furent débarquées, au dessous d’Huacho d’un côté et du Chorrillo de l’autre, c’est-à-dire à gauche et à droite du Callao.

Puis de forts détachements se glissèrent silencieusement dans la rade et furent mis à terre sur la plage même, aux environs des forts.

Cela fait, les bâtiments légers qui les avaient transportés mirent en panne le long de la côte, et expédièrent leurs embarcations, le portage des avirons garni de paillets pour éviter le bruit, vers la flotte espagnole, avec ordre de couper les haussières d’embossage et de démaniller les chaînes des corps morts, sur lesquels les autres étaient mouillés.

À minuit, un fanal à feu vert fut hissé à bord de la frégate le Monte-agudo.

Tous les bâtiments de la flotte répétèrent ce signal, puis les fanaux furent amenés et les escadres mirent le cap sur le Callao.