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Page:Ainsworth - Abigail ou la Cour de la Reine Anne (1859).pdf/256

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ABIGAÏL.

vous protéger. Cependant, comme je veux éviter les scènes, le mariage sera célébré en secret, le soir, dans l’appartement de mon médecin, le docteur Arbuthnot.

— C’est parfait ! s’écria le prince.

— J’espère que la duchesse n’en saura rient dit Abigaïl.

— Il est probable qu’elle ne pourra pas en être informée, répondit la reine. Et maintenant je ne vous retiens plus, mon enfant ; il y a certains moments dans la vie où on a besoin d’être seule, afin de s’abandonner sans contrainte à ses sensations : prenez cette bourse, Abigaïl, elle contient deux mille guinées c’est la dot que je vous destine.

— Votre Majesté me comble ! s’écria la jeune fille d’une voix étranglée par l’émotion.

— Je me charge d’informer Masham du bonheur qui l’attend, ajouta le prince, et je remercie en son nom Votre Majesté de toutes les bontés qu’elle a pour lui et pour sa fiancée. Vous nous avez tous rendus heureux, ajouta-t-il en essuyant une larme ; oh oui ! très-heureux. »

Abigaïl aurait voulu parler, mais les paroles expirèrent sur ses lèvres. Elle jeta sur la reine un regard pénétré d’un ardent amour et d’une profonde gratitude, et se retira à pas lents.


XI


Le duc de Marlborough part pour la Flandre.


Dès le lendemain, le duc de Marlborough mit à exécution son projet de départ. Un canot devait l’attendre au bas de l’escalier de Whitehall et le conduire sur le vaisseau à bord duquel il partit pour la Flandre. Ce navire était amarré au delà de Queenhithe, et le duc désirait s’embarquer incognito. La duchesse s’opposa à cette résolution et donna des ordres pour que sa voiture de gala fût prête pour midi.

Le bruit s’était répandu dans le public que le duc devait partir ce jour-là ; aussi uno foule immense se rassembla-t-elle