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Page:Ainsworth - Abigail ou la Cour de la Reine Anne (1859).pdf/315

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ABIGAÏL.

mit de s’enfuir, et ils parvinrent à s’échapper au milieu d’une grêle de charbons ardents qu’on lança sur eux.

Ainsi finit le procès du docteur Sacheverell, et cette affaire, comme l’avaient calculé ceux qui en avaient été les instigateurs, aplanit le chemin pour la dissolution du ministère.

La popularité des whigs ne se releva pas du coup qui lui avait été si habilement porté ; ils luttèrent cependant encore ; mais c’est à dater de cette époque que leur faveur commença à décliner.

Six semaines après la conclusion de son affaire, le docteur Sacheverell entreprit un voyage dans les provinces, et on le reçut partout avec des démonstrations de joie extraordinaires. À Oxford, ses collègues le fétèrent avec magnificence, et, après être resté une quinzaine de jours dans cette ville, il alla à Bunbury et à Warwick, où il fut également bien reçu.

Mais ce fut à Bridgenorth qu’on lui rendit les plus grands honneurs. Lorsqu’il approcha de la viile, il rencontra M. Creswell, riche gentilhomme du voisinage, attaché au parti jacobite, qui était venu l’attendre en compagnie d’une cavalcade nombreuse et d’un cortége de gens à pied, composé de plusieurs milliers de personnes. La plupart de ces gens-là portaient sur la poitrine des cocardes blanches brodées d’or, et des feuilles de laurier à leurs chapeaux. La route était couverte de spectateurs, et, pour compléter l’effet de la procession, les haies étaient ornées de fleurs dans un parcours d’environ deux milles. Les clochers des églises avaient été pavoisés d’étendards, et les cloches sonnaient à toute volée.

Telle fut la dernière scène de triomphe que le docteur Sacheverell eut à mentionner dans l’histoire de sa vie.