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Page:Ainsworth - Abigail ou la Cour de la Reine Anne (1859).pdf/346

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ABIGAÏL.

— J’ai eu grand’peine à tenir bon jusqu’à la fin, répliqua Anne en tombant sur une chaise ; grâce au ciel, c’est fini !

— Oh ! tout n’est pas encore terminé, ajouta mistress Masham.

— C’est vrai, reprit la reine, il faut encore lui faire donner la démission de ses charges, car je me soucie peu de les conférer à ses filles, et je crains d’avoir fait à la duchesse une promesse à cet effet.

— N’ayez aucun égard à cette promesse, madame, répliqua mistress Masham ; Sa Grâce a mérité que vous n’ayez aucune considération à son endroit.

— C’est vous, Abigaïl, que j’aimerais à nommer gardienne de mes fonds secrets.

— Je confesse que cette charge me plairait et m’honorerait infiniment, madame.

— Je voudrais bien pouvoir vaincre mes scrupules, ajouta Anne en réfléchissant.

— Je vais d’un seul mot en délivrer Votre Majesté, continua mistress Masham. Cette promesse vous a été extorquée, et par conséquent elle ne saurait vous engager à rien.

— Eh bieu ! Abigaïl, je vais en faire une nouvelle qui m’engagera, car elle sera faite librement, reprit la reine. C’est vous qui aurez la charge.

— Cette grâce et mille autres faveurs antérieures me lieut à jamais à Votre Majesté, » répondit l’artificieuse favorite, avec l’accent apparent d’une reconnaissance passionnée.


XIII


La duchesse de Marlborough rend la clef d’or.


La reine Anne était tout à fait décidée à congédier la duchesse ; mais avec son indécision ordinaire elle retarda longtemps cette mesure définitive. Cependant, lorsque le duc fut de retour de la campagne de 1710, elle résolut d’en finir. Aussi, lorsque le duc rendit visite à la reine, elle le reçut très-froide-