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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/171

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RÉPARER LES RÉPARATIONS

détourner l’Allemagne des voies du droit, de faire qu’elle oublie la révolution qu’elle a faite, d’appeler aux armes tout ce peuple industrieux et patient, de le jeter dans une sauvage ruse et dans une conspiration permanente contre le fait accompli, il se trouve en des défis de ce genre-là. C’est dire à l’ennemi : « Vous êtes abattus, et vous ne vous relèverez jamais. Nous, au contraire, nous avons retrouvé le secret de vaincre, et désormais nous vaincrons toujours. » En vérité c’est tourner contre soi ce qui dans tout homme est l’allié de tout homme, j’entends l’intelligence elle-même. Car une telle affirmation choque par l’absurde. Aussitôt les souvenirs s’élèvent en foule, les conceptions et les méthodes s’offrent d’elles-mêmes ; et ainsi de l’intelligence elle-même descend au devant des passions ce désir d’essayer simplement pour faire mentir le prophète. Et qui ne voit que ces téméraires déclamations justifient d’avance tous les coups du sort ? C’est en appeler au jugement de Dieu. Si la masse des Français n’est nullement disposée à jouer ce jeu-là, il est temps qu’elle le dise.

Castor me dit : « Je n’aime point la force. Mais s’il fautCONQUÉRIR
EST IMPOSSIBLE.

Castor me dit : « Je n’aime point la force. Mais s’il faut employer la force, qu’elle soit alors prompte en son action, et directe ; qu’elle ait une prise ; qu’elle fasse sans retard le changement que l’on attend d’elle, et qu’on ne peut obtenir par aucun autre moyen. Ainsi qu’un furieux soit saisi, ligotté, enfermé ; ou qu’une chose de prix soit enlevée à celui qui la détient injustement ; ou bien, si on veut faire payer un homme

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