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Page:Alain - Le Citoyen contre les pouvoirs, 1926.djvu/85

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LES HYPOCRISIES DE LA GUERRE

absolument de la décision russe, ce qui suppose la résolution irrévocable de suivre la Russie dans son entreprise de protection des Slaves contre l’Autriche. Et nous voilà revenus à l’alliance russe, et à l’interprétation qui en fut donnée dans les entretiens de Pétrograd. Quelles que fussent les clauses, il fut évidemment convenu alors que si la Russie prenait les armes pour la Serbie, nous devions la suivre. Or je crois que les députés qui soutiennent maintenant M. Poincaré auraient approuvé cette politique à ce moment-là, s’ils l’avaient connue ; seulement ils ne l’auraient point avouée et ils ne l’avoueraient même pas maintenant après la victoire. Il y a bien des siècles que le peuple veut une politique, et que l’élite en fait une autre, dans notre pays et partout. Il faut que cette ruse des gouvernants apparaisse en clair. Les purs, ceux à qui le sang d’autrui est comme une monnaie d’échange, et qui le disent, ne sont nulle-à craindre ; ce qui est redoutable c’est l’homme politique qui, agissant et pensant comme eux, parle comme nous ; cet homme n’est pas un, il est mille et plus de mille ; il a gémi sous la Terreur Radicale, et je vois qu’il recommence à craindre, d’où ces clameurs sauvages. Quand le Congrès du Radicalisme Européen ? Avant dix ans peut-être.


Parmi les jeunes qui, au mois de septembre deLE DROIT D’AIMER
LA GUERRE.

Parmi les jeunes qui, au mois de septembre de l’année quatorze, apprenaient en même temps que moi le métier des armes, il y avait un grand garçon à particule, membre de la ligue des patriotes, qui distribuait de petites brochures, auxquelles il ajoutait

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