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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/21

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plus accessibles, qui feront revenir plus d’un lecteur sur ce point de difficulté.

L’imagination est toute dans le corps humain, et consiste seulement dans les mouvements du corps humain. Tenant ferme ce principe, au moins comme instrument, je vins à considérer une autre vision qui n’est pas non plus vision, mais qui est bien plus émouvante que la lune à son lever. Le vertige nous envahit et presque nous précipite, en même temps que le précipice se creuse devant nos yeux. Mais il ne se creuse point ; cela n’est pas. Les couleurs et les ombres ont toujours la même apparence ; seulement nous nous sentons tomber, nous nous défendons, nous goûtons la peur ; d’où cette apparence effrayante que prend le gouffre. Or cette apparence n’apparaît même pas ; nous croyons qu’elle apparaît. À vrai dire il faut faire longtemps attention aux perceptions de ce genre pour arriver à rapporter à des préparations musculaires et à des émotions