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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/213

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toujours trop estimé, ne compte que les effets ; nul ne se soucie moins des vraies causes. C’est par là que le sorcier est crédule, quoique incrédule et positif jusqu’au cynisme par un certain côté. Et ce qui trompe le sorcier c’est la passion de gouverner ; car les hommes se rallient souvent par des causes qu’ils ne disent pas, et qu’il n’est même pas utile de connaître ; or le sorcier soupçonne cette double comédie, ce qui fait la diabolique ironie. Tel est Faust, et tel est le poète, parce que tous deux réussissent trop.

J’ai poussé trop avant ce difficile portrait, qui annonce un autre degré de l’homme et une religion plus urbaine qu’agreste. Avouerai-je que dans ce monde très civilisé où les sorciers abondent, mais fort prudents, je me suis souvent amusé à achever le sorcier, ce qui dit tout, et ne plaît point du tout au sorcier ? Il faut pourtant revenir, et deviner l’inachevé sorcier des champs. Quel cortège que ces