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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/25

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c’est une question que j’arrache à l’histoire, et que je veux poser pour chacun de nous et premièrement pour moi-même ; car ces illusions que je disais restent aussi puissantes, au détour, que le spectacle du monde reste pur et fidèle en son apparence comme il fut toujours. Le sauvage pense mal et vise juste ; et ce contraste entre la perfection technique et la confusion des pensées doit nous conduire à écarter d’abord l’idée d’un monde trompeur, en suivant Descartes certes, Descartes qui a pris le bon chemin, mais en serrant de plus près nos passions, toujours si éloquentes. Assurément nous avons plus d’une raison de considérer les choses comme nous ferions d’une société d’hommes à notre image et à l’image de nos compagnons. La religion sort de mille sources, et ces sources chanteront toujours. J’essaierai d’expliquer de plus d’une manière que le passé n’est pas loin, et que notre enfance recommence à chaque instant. Mais le meilleur texte est toujours l’expé-