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Page:Alain - Les Dieux, 1934.djvu/370

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a certainement pensé que libre lui-même il adorait un Dieu libre. Cette condition peut être développée, pourvu qu’on ne se laisse pas reprendre par le mirage d’un entendement infini. Si l’esprit est libre, et si Dieu est esprit, il s’offre une grâce et un secours, qui n’est pas autre chose que la liberté même. Et dire qu’il faut mériter la grâce et qu’on ne la mérite jamais sans la grâce, c’est dire de la plus riche façon, et par le mot sans doute le plus beau, que nous nous affirmons libres, et que, par les données mêmes du problème, cette affirmation ne garantit rien ; elle n’est inépuisable que si l’on y croit ; et cette foi même, qui est la suprême foi et la seule foi, cette foi même est libre. La nature ne fournit point ; la nature ne marche point par la liberté une fois posée, de même que le courage de la veille ne sert pas pour le lendemain. Cette condition, en un sens abandonnée et sans secours, est pourtant tout secours et seul secours. Cette sorte de