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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/17

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DEUXIÈME LETTRE


Nous sommes empêchés, mon cher, par les poètes, lesquels mûrissent leurs amours au soleil, comme les pinsons. Mais Balzac, en Béatrix, a mieux parlé sur l’amour, disant que notre volonté y a plus de part qu’on ne croit et surtout qu’on ne dit.

L’exemple de Calyste en ce roman est bon, parce que, d’un côté, il y a quelque chose de fatal dans cette passion qu’il fait voir pour Béatrix, contre tous les obstacles ; mais, d’un autre côté, on peut bien dire aussi qu’il suit son sentiment par une sorte d’obstination bretonne, comme on voit d’abord qu’il le prépare et le couve d’après l’image qu’il s’en fait ;