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Page:Alain - Lettres à Henri Mondor, 1924.djvu/27

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TROISIÈME LETTRE


Je veux maintenant, homme attentif, mettre sous vos yeux un autre mot, avec tout son sens. Ce sera aussi une manière d’expliquer que savoir lire n’est pas peu de chose. Quand un homme dit, sur quelque question, que tel est son sentiment, il ne dit pas peu ; au contraire il dit le plus qu’il peut dire ; il dit sa pensée, mais sa vraie, profonde et durable pensée. Non point improvisée ; au contraire éprouvée, essayée, confrontée, tantôt par le discours à soi, tantôt par les perceptions, tantôt par l’action. Pensée qu’on ne distingue pas de soi, qui ne fait point violence ; pensée de toujours, pensée amie. Sentiment, pensée