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Page:Alain - Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, 1946.djvu/12

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PHILOSOPHIE DE KANT

lecteur dans les dangers de l’originalité et de la solitude.

Mon cher ami, telle est ma préface. Si elle vous effraie, mettons que je n’aie rien dit. Et commençons l’analyse par le Je pense, qui est le principe de la recherche critique. L’unité du Je pense est fondée sur le prétendu dédoublement, dont les médecins ont trop parlé. Car de ce que je me pense double, il faut penser que le Je est unique. Oui, si loin qu’on remonte, jamais une expérience ne fera croire que je suis double ; ce que Kant exprime en disant que la conscience est une a priori. Il dit ordinairement : l’unité originairement synthétique de la conscience de soi. Ces belles formules épouvantent le lecteur. Il faut s’efforcer de les comprendre sans trouble. Je ne vois à expliquer ici que le mot synthétique, qui appartient au vocabulaire de Kant. Je dois donc dire un mot des jugements analytiques et synthétiques. Est analytique un jugement dans lequel l’attribut ne fait que répéter le sujet ; par exemple, dire que l’homme est menteur, c’est dire que l’homme est l’homme ; d’où vous apercevez le long