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Page:Alain - Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, 1946.djvu/40

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PHILOSOPHIE DE KANT

ici que se trouve le fameux théorème que j’admire tant : « La conscience de soi, mais empiriquement déterminée, suffit à prouver l’existence des choses hors de moi ».

Permettez qu’ici je fasse un examen de conscience. Quand j’ai cité, dans une lettre antérieure, ce beau théorème, j’en ai donné une preuve que je crois suffisante, mais qui devient ici inutile, puisque les principes de la relation, hors desquels il n’est point de conscience percevante, ont prouvé qu’il y a toujours, derrière les impressions, une chose. Notre conscience ne perçoit donc qu’un monde réel ; autrement elle ne percevrait rien du tout, sinon une confusion d’impressions dont nos rêves nous donnent l’idée ; quoique dans nos rêves nous sommes toujours en train de chercher et de trouver la chose ; en sorte qu’on ne peut point dire ce que j’ai entendu dire à un jeune philosophe, que le caractère des rêves est que l’esprit n’y applique pas les principes de la raison. Au contraire, le rêveur ne cesse d’inventer des êtres qui sont chargés de soutenir les impressions, et toute la mythologie vient