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Page:Alain - Lettres à Sergio Solmi sur la philosophie de Kant, 1946.djvu/88

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PHILOSOPHIE DE KANT

de la matière, soit qu’on en considère la grandeur, et c’est le sublime mathématique, soit qu’on en considère la puissance, et c’est le sublime dynamique. Dès que l’on fait attention à ces grandeurs humaines, qui méprisent de si haut grandeurs et puissances, on reconnaît à coup sûr l’homme. Le culte des animaux, résultat de la supposition d’un certain esprit dans l’instinct, conduisait au culte de l’homme, à l’Olympien, et tout était prêt pour le culte véritable, non pas du dieu qui s’est fait homme, mais de l’homme qui s’est fait dieu. Hegel dit avec profondeur que Jupiter était déjà tout à fait un homme, et qu’il ne lui manquait que d’être tout à fait un Dieu. Ce qu’exprime Homère en nous montrant Jupiter soumis au destin. Telle est bien l’idolâtrie ; car si l’on adore Jupiter, il faut donc adorer le destin. C’est ainsi que le paganisme n’a pu soutenir son grand dessein, de nous représenter l’homme éternel. Cette éternité se montrait mieux dans le Judaïsme, qui est la vraie religion, s’il en est une vraie. Il y a lutte entre le monde qui adorait la beauté et le Peuple