Aller au contenu

Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 117 —

c’est l’incorruptible ; oui, en ces corps semblables à celui de Glaucos le marin, tout recouvert de boue et de coquillages. Comprenons qu’encore une fois Platon rassemble ; que Platon ne parle qu’à nous, et de toutes nos amours. Mais il faut insister un peu, puisque les hommes ne croient point cela, ou bien, s’ils le croient, aussitôt veulent sauter hors d’eux-mêmes. Oui en ces enfants, qui témoignent si bien, qui éclairent si bien l’Amour aveugle, que cherchons-nous et qu’aimons-nous, sinon les signes de l’esprit ? Que cherchons-nous que l’éternel, en cette durée de l’espèce qui est la métaphore de l’éternel ? Mais même dans le premier amour, si chargé de désir, que cherchons-nous ? Non point prise violente, ni plaisir dérobé. Non ; mais confiance, mais consentement, mais accord libre. Oui, chacun le veut libre ; chacun veut une promesse d’esprit. Et, après la beauté, qui est le premier signe, encore d’autres signes de l’entente et de l’approbation. Un double perfectionnement qui donne prix aux éloges et qui accomplisse les promesses. D’où l’amant veut grandir