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Page:Alain - Onze Chapitres sur Platon, 1928.djvu/73

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l’idée du grand et du petit n’est ni dans Socrate ni dans Théétète quand je juge que l’un est plus grand que l’autre ; et l’idée de mouvement n’est ni dans le mobile, ni dans le témoin immobile par rapport auquel le mobile se meut. Toutefois ce monde Héraclitéen, où il n’y a que changement pur et simple sans aucun mouvement, où la chose n’est ni grande ni petite, ni chaude ni froide, nul ne l’a jamais vu. L’apparence n’apparaît que par les idées. Seulement ces idées sont comme perdues, méconnaissables dans l’apparence sensible. En vain nous ouvrons de grands yeux. Le fait est que nous pensons, et que nous n’en savons rien. Il faut un long détour avant que nous puissions penser explicitement l’idée dans la chose, et, par exemple, ce qui importe le plus, l’idée de l’homme dans l’homme. Et peut-être, j’y insiste de nouveau après tant d’analyses concordantes, qui frappent toujours là, peut-être toute l’erreur consiste-t-elle à croire que le modèle de l’homme ressemble à l’homme. La doctrine de la justice, telle qu’on la trouvera dans La République, est inintelligible