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Page:Alain - Quatre-vingt-un chapitres sur l'esprit et les passions, 1921.djvu/117

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LIVRE TROISIÈME
DE LA CONNAISSANCE DISCURSIVE

CHAPITRE PREMIER

DU LANGAGE


Avant d’examiner comment la connaissance peut s’étendre et s’assurer par le discours seulement, il faut traiter du langage. Dans tout ce qui nous reste à décrire, d’inventions abstraites, de fantaisies, de passions, d’institutions, le langage est roi. Il s’agit, dans une exposition resserrée, d’étaler dans toute son étendue ce beau domaine qui s’étend des profondeurs de la musique aux sommets de l’algèbre. Mais admirez d’abord comment les jeux du langage prennent l’esprit dans leurs pièges. Il faut, disent les auteurs, s’entendre pour créer une langue, et donc savoir parler avant d’apprendre à parler. Ce puéril argument est un exemple parfait des artifices dialectiques, qui sont pris pour philosophie par ceux qui n’ont pas appris à penser d’abord sans parler.

L’action humaine, j’entends le mouvement pour frapper, donner,