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Page:Alain - Quatre-vingt-un chapitres sur l'esprit et les passions, 1921.djvu/201

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de l’avarice

dans ce silence des autres, c’est le geste qui paie et qui prend. Mais aussi la chose acquise ne plaît pas longtemps ; un autre l’aura à vil prix.

Les émotions de l’emprunteur ressemblent, pour le reste, à celles de l’ambitieux humilié, et conduisent aux mêmes erreurs. Ce sont les mêmes terreurs d’antichambre, et la même adoration mêlée de crainte et d’envie ; d’où un vif désir encore de ressembler au vrai riche, et même de l’éclipser aux yeux des sots, en faisant les dépenses qu’il pourrait faire. Mais, comme il faut que ces dépenses soient publiques, l’emprunteur ne prête point. C’est assez parlé d’une espèce d’hommes facile à pénétrer, et assez commune, à qui il suffirait, pour se guérir, de savoir comme elle est méprisée ; aussi font-ils société entre eux.