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Page:Alain - Quatre-vingt-un chapitres sur l'esprit et les passions, 1921.djvu/55

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de l’association d’idées

des termes invariables apparaissant l’un après l’autre sur l’écran. Que cette mécanique de la pensée soit bien puérile, c’est ce que l’étude de la mémoire achèvera de montrer.

Ajoutons que ces fameuses lois de l’association des idées n’expliquent rien. Qu’une orange me fasse penser à la terre, cela n’est nullement expliqué par la ressemblance ; car une orange ressemble encore plus à une pomme, à une balle, ou à une autre orange. Et dans cet exemple il est assez clair que la prétendue association n’est que le souvenir rapide d’une leçon d’astronomie, où l’on comparaît les aspérités de l’écorce à la hauteur des montagnes sur notre globe, et c’est donc une analogie, c’est-à-dire une pensée véritable, qui porte ici l’imagination.