Aller au contenu

Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE VII

DES IMITATIONS, VARIATIONS
ET ORNEMENTS

Un caractère bien frappant de la musique est qu’elle répète les mêmes chants, souvent sans aucune altération, d’autres fois plus haut ou plus bas, ou bien dans un autre ton, ou bien selon un autre mode ou bien avec des variations ou des inversions. Il est quelquefois assez difficile de retrouver le thème ; mais aussi sans le reconnaître explicitement on se trouve toujours disposé à saisir et à mesurer d’avance la variation nouvelle, et enfin à s’y retrouver. L’analyse des belles œuvres conduit à des découvertes étonnantes, auxquelles il se peut bien que l’auteur n’ait pas pensé. D’autres fois l’imitation est imposée, comme dans le canon et la fugue ; et ces exercices sont une grande partie de l’école du musicien. C’est une occasion nouvelle de remarquer que, sous l’empire des instruments, le mécanisme menace toujours la musique. De deux côtés. Toutefois je craindrais moins l’improvisation manuelle, préparation naturelle au vrai travail de l’artiste, que cette autre musique trop pensée, qui porte, en son développement, la marque de l’industrie. L’intelligence se contemple seulement en ce déroulement mécanique, qui