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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/220

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CHAPITRE VII

DES VILLES

Une ville est belle par l’entrelacement serré des nécessités de nature et de l’action humaine. Toutefois l’action est ici plus libre et plus variée, et la nécessité a déjà ses formes. Ce genre de beauté frappe tous les yeux. Mais aussi il est de consentement que les grandes rues et les maisons modernes ne participent pas à cette beauté de nature. Une grande ville se sauve par la masse, et par ses monuments ; au lieu que la vieille ville est elle-même une parure autour de la cathédrale ou du beffroi : et même les vieilles maisons l’emportent aisément sur la fontaine ornée ; elles s’affirment mieux ; elles échappent à cette critique des formes, qui trouve toujours à dire ; c’est la beauté de la prose, peut-être. Or d’où vient cette grâce de nature, dans ces œuvres de l’homme ? De ce que la nature n’est point violée, mais que chaque mouvement de terrain au contraire a fait naître une idée juste, entendez qui ne nie rien. Le soleil, l’eau, le vent, la pente imposent alors mille inventions ; le cri d’Archimède est jeté mille fois par tous ces toits et par toutes ces fenêtres, à chaque saison, à chaque heure, pour la pluie et pour le soleil.

Il se peut que la nature, sans aucune œuvre d’homme, ait sa beauté propre, et cela sera examiné.