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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/226

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SYSTÈME DES BEAUX-ARTS

jugement du sculpteur. Au contraire le propre des ornements, dans la véritable architecture, est qu’ils peuvent se réduire à des esquisses assez grossières, mais qui sont belles alors par la forme qu’elles suivent, et à laquelle elle vous renvoient. Car ces sculptures de cathédrales ne veulent pas être regardées, sinon en passant. Elles sont comme effacées par le grand mouvement des lignes ; l’esprit est invité à chercher un autre sens à ces choses. Ainsi déjà, par une loi supérieure, se trouve écartée l’imitation et la ressemblance, funestes à d’autres arts plus libres comme la sculpture, la peinture et le roman. J’y fus pris plus d’une fois, m’étonnant de ces sculptures grossières qui contrastaient violemment avec la perfection de la forme architecturale ; du moins je voulais le croire, quoique l’édifice sauvât les figures. Mais chacun sera éclairé ici par celui des arts qu’il connaît le mieux ; pour moi, je remarquai bientôt que le style écrit ne supportait jamais la moindre trace d’un ornement cherché ; encore moins ces allitérations qui voudraient disposer l’imagination par le détail même ; et qu’enfin la moindre envie de plaire ou d’accrocher l’attention est mortelle aux œuvres écrites. L’architecture, longtemps considérée, étend cette leçon à tous les arts plastiques. Il y a une musique populaire, à laquelle le musicien revient toujours, pour y reprendre ses règles de métier. Il n’y a point de sculpture populaire, ni de peinture populaire, ni de dessin populaire, sinon dans l’architecture même, mais trop cachés ; partout présents, impérieux, inexorables en revanche.