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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/24

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CHAPITRE III

DES IMAGES ET DES OBJETS

Que nous gardions en mémoire des copies des choses, et que nous puissions en quelque sorte les feuilleter, c’est une idée simplifiée, commode, mais un peu trop puérile. À ce compte les œuvres d’art seraient comme une traduction, et souvent même faible, de telles images combinées par une élaboration intérieure. Au contraire il apparaît déjà que l’œuvre termine et efface les rêveries, par sa réelle présence, et pour l’artiste aussi bien. Toutefois, pour mieux assurer cette conception, et ainsi délivrer l’artiste de cette recherche rêveuse à laquelle il donne toujours trop de temps, il est nécessaire d’entrer un peu dans la doctrine, afin d’y entraîner ceux qui y trouvent du plaisir, et qui sont plus nombreux qu’on ne croit.

Un objet n’est pas donné ; il est posé, supposé, pensé. Comme il est clair pour le vrai soleil, bien plus éloigné et bien plus grand qu’on ne croit d’abord, et après lequel nous courons afin d’accorder nos expériences entre elles. C’est toute l’astronomie qui porte ici l’objet. Mais le soleil perçu comme un disque au couchant n’est pas moins supposé et pensé ; où, pour considérer un objet moins blessant, la lune perçue à mille pieds en l’air n’est reje-