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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/391

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NOTES


I

Sur l’Avant-Propos.

Les rares additions qu’on trouvera dans les chapitres terminaux de quelques-uns des Livres répondent seulement aux exigences de la mise en pages. Je ne les crois pas inutiles, mais je ne les jugeais pas non plus nécessaires, sans cette raison de métier. À cela près le Système des Beaux-Arts est réimprimé ici tel qu’il parut en 1920. Ce n’est pas que je n’y trouve à reprendre et à expliquer, mais je ne me crois pas capable de faire mieux maintenant. Cet ouvrage fut écrit dans la boue militaire, sans autre fin que de me distraire, et sans penser qu’il dût jamais être proposé au public. Ces conditions, qui sont favorables ne se retrouveront jamais. Je ne pourrais, maintenant, oublier tout à fait les œuvres, les doctrines, les paradoxes de ce temps-ci. J’imaginerais une résistance du lecteur, un étonnement, des objections. Temps perdu, car tout ce qu’un auteur imagine de son lecteur est faux. Ainsi je perdrais de vue, peut-être, l’idée qui m’a soutenu en ce difficile sujet, c’est qu’une doctrine de l’imagination, sévèrement dessinée, devait conduire non seulement à ordonner les Beaux-Arts selon la nature humaine, mais aussi à les mieux comprendre, et à les reconstruire de plus près, et j’oserais dire physiologiquement. La terre des hommes est partout couverte de ces signes puissants que l’humanité se fait à elle-même. Or, si l’on prend les Beaux-Arts comme des langages, ainsi que Comte l’a fait, il n’est point vraisemblable qu’aucun langage ait été jamais la suite d’une idée ; mais plutôt il faut dire que le langage est le commencement de l’idée, et le premier objet de la réflexion. Il faut bien que l’homme parle avant de savoir ce qu’il dit. Mais on pouvait encore être dupe ici d’une autre manière, si l’on considérait les signes et les œuvres comme des copies d’images formées dans la fantaisie. Or c’est par ce côté-là que