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Page:Alain - Système des Beaux-Arts.djvu/45

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CHAPITRE IX

D’UNE CLASSIFICATION NATURELLE

D’après ce qui vient d’être dit, deux groupes se dessinent d’eux-mêmes dans la multitude des arts et des œuvres, les arts de société et les arts solitaires, étant bien entendu qu’il n’y a pas d’art solitaire à parler absolument. Toutefois il est clair que le dessin, la sculpture, l’art du potier, l’art du meuble et même un certain genre d’architecture s’expliquent assez par le rapport de l’artisan à la chose, sans le concours direct de l’ordre humain présent. Pour la musique, il est naturel de penser qu’elle est autant et plus concert qu’improvisation solitaire ; une voix toute seule est d’abord trop flexible aux passions, tant que l’instrument ne la soutient pas, ou bien l’accord de tous dans la commune incantation ou vocifération. Autant à dire de la danse et du costume, qui sont d’abord de tous pour tous ; la beauté s’est vue en son vis-à-vis avant de se voir au miroir. Et, pour la poésie et l’éloquence, il est clair qu’elles vont naturellement de l’individu à l’assemblée présente, quoique la poésie puisse se développer ensuite dans la solitude. L’architecture publique fait liaison entre l’art collectif et l’art solitaire. Mais le livre et la prose se séparent bien clairement des arts collectifs, et définissent de toute façon la culture par l’isolement et dans le