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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/129

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plique, et monta à sa chambre où il s’enferma. Sans doute fuyait-il la vue de cette figure blême et rigide, qui l’avait écouté sans une parole, et craignait-il la plainte ou le reproche qui allaient sortir de cette bouche crispée.

Estelle demeura longtemps à la même place, debout, appuyée des deux épaules à la muraille, et les yeux étrangement ouverts. Comme quelqu’un qui vient de recevoir un coup formidable, elle n’avait plus conscience de rien, pas même de sa propre existence. Puis elle sentit, béante et douloureuse, la blessure large.

Alors, elle n’eut plus la force de se soutenir et tomba sur une chaise, anéantie. C’en était donc fait !… Celui en qui elle avait cru, de toute sa foi, qui avait reçu le don de son amour avec des larmes de reconnaissance, s’éloignait sans même détourner la tête, sans donner un prétexte à son abandon !

Et si peu de jours auparavant, il accourait de Paris, à seule fin d’attester son attachement et sa constance ! La tentation de la traîtrise ne le sollicitait-elle pas déjà ?… Et n’était-ce pas un dernier sursaut de sa conscience qui le poussait à l’effort de cette démarche ?…

Il était sincère, en ce moment-là. Estelle n’en pouvait douter. Mais l’attraction, trop séduisante