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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/140

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pour le retour, le jeune homme froissait avec colère un numéro de la Vie mondaine, acheté à Poitiers, dans le hall du départ, et qui publiait, en première page, une chronique de Renaud Jonchère. Il montait, celui-là !… Et sans se soucier le moins du monde du compagnon resté en arrière ! La rage de l’occasion manquée se réveilla, pleine d’amertume.

Adrien se perdit en une rêverie brouillée et tempétueuse, scandée par le roulis bruyant. Soudain, celui-ci se rompit dans un choc. Le train s’immobilisa. Des portières s’ouvrirent ; des exclamations s’échangèrent. On était alors en une série noire de catastrophes de chemin de fer, d’horaires déréglés, de coupables négligences. Ce convoi même était parti de Poitiers avec une demi-heure de retard. Gerfaux avança la tête au dehors pour se rendre compte de ce qui arrivait.

Il aperçut, aux barrières d’un passage à niveau, un encombrement d’équipages, d’autos, de chevaux de selle, tenus en main par des domestiques et des paysans. Sur la voie, vaguait un bai-brun, les yeux désorbités, les naseaux fumants, le flanc rougi, dont un homme essayait de rattraper les guides. Puis, devant la machine, un rassemblement compact où s’agitaient des blouses, des uniformes, des habits rouges.