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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/194

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pensée d’Adrien et de Monique ! Un clair soleil dorait le ciel d’avril ; les oiseaux tapageaient autour des nids, du haut en bas des tours de Saint-Pierre. Les orgues remplissaient de leurs rumeurs l’intérieur de l’église, pendant que la harpe, les violons et les violoncelles mêlaient leurs accords caressants. Au-dessus de tous ces bruits d’allégresse, composant la symphonie du bonheur, l’artiste entendait s’élever le chant triomphal de son amour :

Magnificat ! Béni soit Celui qui m’envoie un de ses anges !

Et dans le défilé de la sortie, quand il sentit contre le sien le cher petit bras tremblant, et, à chaque pas, le frôlement de la robe blanche, alors une telle montée d’orgueil souleva Adrien qu’il fit le chemin sans toucher, pour ainsi dire, les dalles. Et l’inégalité légère de sa démarche fut à peine sensible.

Estelle, derrière les jeunes époux, s’avançait au bras d’un ami d’Adrien, avec un visage hermétique et une inconscience de somnambule. Dans le rayonnement de cette félicité, elle se repliait, prise de malaise, et ne percevait plus d’autre sensation que l’enserrement du cercle d’or où pesait une émeraude, passé à son doigt quelques jours auparavant.