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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/250

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sentait un aspect plus ordonné et plus calme. Le portrait en pied de Mme Marcenat en avait disparu, remplacé par une belle copie de la Vierge à la Chaise. Le pastel du cabinet de travail s’estompait maintenant dans l’ombre d’un angle. Estelle l’y aperçut quand même, et loin de s’en offenser, approuva tacitement que Vincent conservât ce frêle souvenir de ses jeunes illusions. Peut-on supprimer totalement ce qui fut un chaînon de notre vie ?

Le boudoir surtout avait subi une transformation absolue. Plus de bric-à-brac modern-style, de tableaux abracadabrants, mais des sièges confortables, disposant à la causerie, la Polymnie antique sur la cheminée, une grande bibliothèque d’acajou, incrustée de bronze, regorgeant de richesses, des portraits de famille, des vues lumineuses de l’Italie ou de gracieux paysages de France, tout ce qui devait offrir un aliment à la pensée ou un souvenir au cœur avait été réuni dans ce coin, qui serait le sanctuaire intime des deux époux.

— Vous plairez-vous ici, amie ?

À cette question presque anxieuse de M. Marcenat, Estelle répliqua, d’un air de gravité confidentielle :

— J’ai imaginé quelquefois, étant petite fille et me racontant des histoires à moi-même, qu’un bon