Aller au contenu

Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le « bonheur » ! Ah ! quel mirage dérisoire, pendant que rôdait cette tenace terreur, autour d’eux ! Mais, réprimant sa peine, elle dit, avec une assurance enjouée :

— Votre désœuvrement sera très court, j’en suis sûre. Et vous n’aurez pas le temps de sentir l’ennui. Mais qu’est-ce que cela, près du bureau ? Une machine à écrire ?

Il repartit, très naturellement :

— J’ai voulu suivre les conseils du docteur Javal, cet oculiste célèbre qui, devenu aveugle lui-même, écrivit un livre consolant et admirable, d’après sa propre expérience, pour apprendre à ses frères en infortune à supporter leur disgrâce. Dès qu’il me sera tout à fait impossible de manier la plume, je m’exercerai à la dactylographie. Ne me regardez pas de cet air désolé… Vous savez bien qu’il serait puéril d’attendre un miracle.

Estelle eut un élan qui la porta vers lui. Vincent Marcenat vit, tout proche du sien, le clair et frémissant visage. Il lut dans les larges iris, portes de l’âme profonde, tant de sensibilité et de chagrin qu’il en fut bouleversé. Dans une brusque impulsion, il se pencha, passa la main sous la nuque flexible, et jeta un baiser sur les cils où perlaient des larmes. Mais aussi promptement, il se roidit, d’une saccade brève et violente. Son bras retomba, inerte.