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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/268

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— Ah ! ah ! il avait donc été bien touché au vif pour en garder tant de ressentiment. Elle était arrivée à ses fins alors, en lui enfonçant cette épine dans l’âme. Tôt ou tard, il surgirait du venin de cette blessure. Tant pis pour Estelle quand le mal éclaterait…

Nonobstant, une frayeur troublait ces impressions agréables. Elle ne croyait pas cet homme, froid d’aspect, capable de telles violences. Peste ! il l’écraserait comme une mouche, si jamais quelque chose la trahissait. Heureusement, il était aveugle. Plût au diable qu’il le restât à perpétuité !

Au surplus, aveugle ou clairvoyant, M. Marcenat causait à Caroline un bizarre malaise. Elle se sentait, en face de lui, empêtrée, réduite, privée de ses facultés majeures, prête à bredouiller. Elle ne l’en détestait que mieux.

Par prudence, elle devrait donc éviter l’avocat. Jusqu’ici, les circonstances l’avaient protégée, Mme Dalyre demeurant à l’écart, par aversion et par dédain pour Estelle. Caroline, naturellement, mettait tous ses soins à entretenir cette répulsion.

Elle connaissait maintenant à fond le caractère à la fois exigeant et faible de la veuve, et savait en profiter, sans qu’il y parût. « Flattez ! Flattez ! Il vous en reviendra toujours quelque chose ! » était la règle préférée de Mlle Laguépie. Et cette