Aller au contenu

Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Une ombre descendit sur ses traits. Il éprouva la sensation étourdissante que donne un bruit violent, trop voisin de l’oreille.

Oui, il se l’était dit déjà ! Une garde, un guide, une auxiliaire incomparable, Estelle l’avait été pour lui ! Et elle eût montré ce même zèle dévoué, toute la vie, il n’en doutait pas. Dans la nuit prolongée qu’il venait de traverser, cette voix douce et cette main affectueuse lui avaient apporté les seules impressions heureuses qui pussent le consoler, en l’absence de la lumière.

Mais il sortait enfin des ténèbres. L’infirme dépendant, entravé, redevenait un homme libre, clairvoyant, agissant. Il allait se rejeter au plein de la vie normale. Tout changeait de ce coup. Sa mentalité évoluait. Sa fierté renaissante lui rendait insupportables, comme des témoignages de déchéances, les services reçus jadis avec gratitude.

Et s’il essayait de s’analyser, alors Vincent Marcenat découvrait des vérités singulières. Elles surgissaient, si impérieuses, du tréfonds de son âme, qu’il craignait de les formuler, involontairement, des lèvres. Mais il les réprimait, trop incertain et trop inquiet de ce qu’éprouverait Estelle à les entendre.

Il l’observait, toujours égale, ponctuelle aux devoirs les plus minimes. Et cela le décourageait. Certes, il ne pouvait lui adresser aucun reproche.