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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/316

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Vous l’aviez dit avec justesse : les roses refleurissent.

— Oui, observa-t-il, avec une nuance d’amertume. En effet, vous vous êtes mariée ?

— Je me suis mariée… Et j’aime, j’adore mon mari !

Elle prononça ces mots, sans défi ni bravade, avec l’accent profond et grave de la vérité. Une divine pudeur, en même temps, rayonna sur son visage. Renaud fut frappé de ce respect qu’inspirent aux profanes les prédestinés, marqués du sceau sacré. Il se remémora tout ce qu’il avait entendu dire de la fière intelligence et du caractère de M. Marcenat. Il pressentit quelle affection, supérieure aux banales passions, pouvait unir deux êtres d’élite. Devant cette félicité idéale, inaccessible aux hommes de son espèce, il se sentit rabaissé, mesquin, bestiole infime, bruissant dans le vide.

Ce qu’il y avait de sensible et de généreux dans sa nature réagit, l’exhaussa dans un subit élan, au-dessus des acrimonies vulgaires.

— Vous êtes heureuse. Vous le méritiez tant !… Alors, j’ai bien fait… Et peut-être m’accorderez-vous le pardon que je souhaite ?

— Comment vous en voudrais-je ? Sans doute, il me fallait souffrir ainsi, mourir à moi-même