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Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/40

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bouillonnement délicieux de l’idée dans son cerveau maintenant anesthésié ! Peu à peu, son entêtement morbide se laissait fléchir, sans qu’il consentît à l’avouer.

— N’ai-je pas raison, monsieur Jonchère ? disait parfois la jeune fille.

Et Renaud l’appuyait aussitôt, à sa façon humoristique. Si vite devenus complices en charité, il semblait aux deux jeunes gens, en se rencontrant pour la première fois, se reconnaître. Grâce à l’intermédiaire d’Adrien, ils plongeaient dans la vie l’un de l’autre. Renaud pouvait-il ignorer la sœur chérie dont le portrait occupait la place d’honneur, dans la chambre de son ami ?

Et Estelle connaissait, en grandes lignes, la biographie et le caractère du camarade intime de son frère. Renaud Jonchère, originaire de l’Algérie, fils d’un officier mort prématurément, et abandonné très jeune à lui-même par le remariage de sa mère là-bas, abordait, avec des dons brillants, la carrière littéraire. Il était de ceux qui, selon l’expression consacrée, doivent arriver à tout ce qu’ils veulent — pourvu qu’ils le veuillent bien… Adrien, chétif et timide, admirait, par la loi des contrastes, ce blond et hardi Renaud, vrai saint Georges de vitrail, avec sa moustache dorée, et qui, aventureux et prime-sautier, portait, d’une